◖ Le paiement, une relation particulière entre le psy et vous ◗
Le paiement permet la création et l'existence d'un lien particulier entre votre psy et vous-même. Il permet tout d'abord de distinguer l'ami du professionnel. En thérapie, vous ne vous confiez pas à un ami, mais bel et bien à un « professionnel de la psyché ».
Le paiement permet en effet d'asseoir les compétences du praticien : on paie quelqu'un qui a longuement travaillé et étudié sa discipline, et continue de le faire. Le.a praticien.ne a une formation universitaire et personnelle, il a suivi lui-même plusieurs analyses, est contrôlé par un autre professionnel, et travaille auprès d'autres praticien.ne.s au sein d'associations.
Si votre psy doit certes faire preuve d'empathie et se montrer relativement sensible à votre douleur, il n'agit pas pour autant par souci de charité, pour vous faire plaisir, ou par amitié : il répond à votre demande de service.
En payant votre séance, vous excluez par là même l'existence d'une dépendance ou d'une soumission à votre psy, puisque vous ne lui êtes plus redevable.
Pour finir, le fait de donner de l'argent quand on cherche à travailler sur soi-même représente la volonté et la nécessité d'un veritable investissement personnel de votre part : en ce sens, vous n'êtes pas un.e assisté.e !
◖ L'argent n'est pas qu'une valeur monétaire ◗
L'argent comporte diverses significations symboliques. On le voit dans la manière qu'a chacun.e à en disposer : toute le monde ne dépense pas de la même façon et pour les mêmes choses.
S'octroyer le droit de dépenser une certaine somme dans le cadre d'une thérapie plutôt que dans autre chose constitue le premier pas, le premier effort d'un travail sur soi.
Nous pourrions poser la question ainsi : pourquoi payer sa thérapie ne représenterait-il pas un gain, plutôt qu'une perte ?
Pour ces raisons, le paiement au sein de mon cabinet se fait en espèces, et en espèces seulement !
Le paiement en espèces permet de matérialiser la somme ainsi dépensée, et de donner à cette somme une valeur « concrète ».
◖ Pourquoi les séances ne sont-elles pas remboursées ? ◗
La première raison, c'est que la psychanalyse est une discipline qui tient à rester en dehors du système politique et des décisions gouvernementales. En conséquence de la préservation de l'autonomie de cette pratique, il est logique que la Sécurité Sociale, voire la quasi-totalité des mutuelles de santé se ferment à celle-ci.
C'est en partie du fait de cette décision d'indépendance que l'on qualifie parfois la psychanalyse de secte, sous entendant par cet argument que seuls l'approbation et les jugements de l'État feraient foi au sein de la société. Or, nous savons de par l'Histoire et notre regard critique individuel que le bien-être des citoyen.ne.s n'est pas forcément soutenu ni même protégé par lesdits jugements étatiques... Nous ne rentrerons pas ici dans les détails qui lient ou délient la psychanalyse et les pouvoirs politiques et qui, en dépit d'un sujet particulièrement intéressant et nécessaire, annoncent surtout un débat fort complexe et houleux.
La deuxième raison se rapporte à l'importante notion de paiement de la séance, dont le montant est établi après une discussion et un accord commun entre l'analysant.e et l'analyste, et qui permet d'annihiler tout ascendant ou soumission de la part de l'un.e et de l'autre, ce qu'un remboursement (même partiel) viendrait inévitablement remettre en question.
D'abord, qui pourrait se targuer de ne jamais rencontrer aucun problème dans sa vie, ou serait exempté de toute souffrance psychique ?
N'avons-nous jamais dit, dans un accès de colère ou de quelconque sentiment qui ébranle le corps et l'esprit, que telle ou telle chose nous a « rendu dingues » ?
À l'inverse, l'exclamation « j'ai cru que ça allait me rendre fou » montre justement la résistance de l'être humain à céder à ce qu'il appelle « la folie », ce gros mot qui désigne ceux et celles qu'on enferme entre quatre murs, emprisonnés dans une camisole de force, ces êtres qui ne sont plus tout à fait humains et qui semblent vivre dans un univers détaché du nôtre.
Mais il n'est pas besoin d'être fou pour se sentir seul.e, incompris.e, en décalage avec les autres, en incompréhension face à nos propres émotions. Il n'est pas non plus besoin d'avoir un « problème » pour que notre curiosité face à l'esprit humain s'éveille et cherche des réponses. De nature et de tous temps, les hommes et les femmes cherchent des moyens de se rencontrer, de communiquer, de cohabiter avec eux-mêmes et les autres ; et il est toujours plus aisé de se comprendre quand on a une meilleure connaissance du fonctionnement psychique.
En cela, la psychanalyse est destinée aux curieux, à ceux et celles qui cherchent à apaiser leur relation à eux-mêmes et aux autres, et qui sont dotés d'un courage infaillible (il en faut pour s'investir dans cette expérience si particulière), dont font rarement preuve les accusateurs de fous et les persécuteurs de folles...
Deux mois, trois ans, toute une vie... Une analyse dure en fait autant de temps que l'analysant.e le souhaite !
C'est d'ailleurs l'analysant.e qui décide quand arrêter sa cure, idéalement en en faisant part à son analyste (qui n'est, soit dit en passant, pas supposé le convaincre de rester !).
À savoir qu'une cure peut se faire en plusieurs parties, ou « tranches ». Il est tout à fait commun de s'arrêter de consulter pendant quelques temps après déjà un certain nombre de séances, ou même de changer de psychanalyste.
◖ À quelle fréquence faut-il se rendre au cabinet de mon/ma psy ? ◗
Si la durée d'une analyse est absolument indéfinissable puisqu'elle dépend de l'expérience de chacun et chacune, le rythme des séances est quant à lui un peu plus encadré :
Idéalement et si on le peut, il est préférable pour la bonne avancée de l'analyse de se rendre au cabinet une fois par semaine. Certain.e.s patient.e.s demandent parfois à venir plusieurs fois par semaine. Dans la majorité des cas cependant, et notamment chez les personnes pour qui cette forme de thérapie est étrangère, il est difficile de comprendre la raison de cette forte récurrence.
Cette assiduité représente d'abord l'investissement personnel de la part de l'analysant.e à prendre part au travail analytique. Une séance ne peut suffire quand il s'agit de décrypter la psyché, tout comme une séance tous les trois mois.
Cette récurrence permet aussi de rendre compte, à chaque séance, de l'évolution et des changements opérés entre chaque visite.
Avant tout, elle impose à l'analysant.e de se rendre au cabinet même lorsqu'il va bien et qu'il a le sentiment de « n'avoir rien à raconter ». C'est souvent dans les silences, voire l'ennui, que vient s'éveiller la mémoire...!
... Je vous l'accorde donc : une psychanalyse peut en effet prendre du temps, mais elle permet surtout d'en gagner énormément à côté !
Ce cliché, sans doute le plus redondant, résonne avec le premier qui consiste à dire que les psys seraient payés à rien faire. En effet, la scène classique du psy qui profite de la séance pour faire une sieste ou gribouiller sur son carnet se retrouve dans un grand nombre de films, raison principale pour laquelle ce préjugé à la peau dure... En vérité, il est assez rare d'entendre une personne en analyse ou en thérapie se plaindre du silence de son psy, si celui-ci est compétent !
Un.e bon.ne psy doit être capable d'adapter sa pratique en fonction du patient qui lui rend visite. Par exemple, face à un adolescent qui n'oserait pas s'exprimer, le.a psychanalyste tentera de désamorcer la timidité de ce dernier en l'amenant patiemment à s'ouvrir. Au contraire, face à un personne très bavarde, il pourrait avoir tendance à imposer la présence et l'écoute de silences...
◖ Le divan ◗
Il est tout à fait possible de consulter son psychanalyste en face à face pendant un certain temps, mais l'idéal est de parvenir pour l'analysant.e à s'allonger sur le divan qui lui est offert. La position allongée permet au corps de relâcher certaines tensions musculaires, ce qui d'ailleurs peut provoquer l'endormissement du patient ! Mais avant tout, s'allonger sur le divan permet à l'analysant et au praticien de briser la correspondance des regards : en empêchant la vision de l'interlocuteur qui d'habitude lui renvoie une image de lui-même, une opinion ou la possibilité d'une interprétation, l'analysant.e a désormais les yeux rivés sur ce qui se présente en face de lui (le plafond, une plante, un angle,...), et se trouve ainsi dans de meilleures conditions pour lâcher prise et raconter ce qui lui passe par la tête, c'est à dire jouer le jeu de l'association libre.
Pas étonnant que dans de telles dispositions, certains esprits pourraient avoir peur que leur psy s'endorme ou fasse tout autre chose que les écouter, puisqu'il n'est plus possible de voir ce qu'il fait ou peut penser, c'est à dire de contrôler son comportement !
Mais si le divan permet au patient de se défaire du regard de l'autre, il permet également au psychanalyste de concentrer toute son attention sur les mots et les silences exprimés tout au long de la séance.
Et s'il vous arrive lors d'une séance de ne pas vous sentir écouté, de sentir une angoisse lors de silences trop longs, ou d'avoir un doute quant à l'état d'éveil de votre psy... Dites-le lui !