Une pseudo-science qui tourne le dos au discours médical ?
La psychanalyse fait partie des sciences humaines et sociales, comme le sont la sociologie, l'ethnologie, ou encore l'histoire-géographie. On lui a longtemps reproché (et le débat est toujours d'actualité) de n'être qu'une pseudo-science, faite de théories qui seraient restées à l'état de suppositions et dont les preuves seraient encore à prouver.
Dans une époque et une société qui prônent le tout pharmacologique et quantifie et qualifie la santé mentale à coup de chiffres et de diagnostics, la psychanalyse se débat en effet comme le mouton noir du troupeau de la psyché. Elle se refuse à adopter totalement le discours psychiatrique et médical qui se fonde sur le DSM-5, le dictionnaire des troubles mentaux, d'ailleurs sujet à de nombreuses critiques et polémiques parmi les spécialistes et les chercheurs.euses. Son cheval de bataille, c'est l'inconscient et le fait que chaque individu est unique ; en cela, elle ne peut concevoir que la souffrance d'un patient est la même qu'un autre et qu'il existerait un seul et même traitement pour les guérir. Pour cette raison, elle refuse d'être amalgamée parmi les méthodes de soin encadrées par l'État et tient à rester indépendante, ce qui lui vaut d'être vivement critiquée.
Pour approfondir le sujet, une brève publication personnelle : mon royaume pour une identité !
Une théorie misogyne et obsolète ?
Cette idéee est dû en partie au fait que certaines de ces théories ont largement bouleversé les croyances des époques qu'elle a traversées.
C'est le cas par exemple de la théorie sexuelle (Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905), qui a fait son apparition dans un contexte socio-économique particulièrement réfractaire, et qui donna naissance à l'affirmation selon laquelle les relations sexuelles ne servaient pas seulement à procréer, mais également à prendre du plaisir...
... ou encore du terme « hystérie », dont l'étymologie pose aujourd'hui problème (qui vient du latin hystera : uterus) dans les débats féministes, et dont l'utilisation servirait à assigner ce trouble spécifiquement aux femmes. Pourtant, l'histoire de l'hystérie raconte justement le contraire ! Le terme est apparu alors que Freud cherchait à démontrer (à la toute fin du XIXème siècle) que les femmes montrant certains symptômes névrotiques n'étaient pas des "folles-nées" mais qu'au contraire, leurs symptômes manifestaient une souffrance qu'elles cherchaient à combattre... Et donc, qu'elles pouvaient combattre. Dans la théorie et la recherche analytique, ce terme a évidemment été utilisé pour nommer la souffrance inhérente aux symptômes de certains hommes !
Toutefois, il est à déplorer encore aujourd'hui la pratique limitante et poussiéreuse de certain.e.s psychanalystes, confinant l'aspect théorique d'une époque passée à l'état de vérité indiscutable. De nombreux et nombreuses jeunes psychanalystes s'acharnent aujourd'hui à remettre en question la théorie analytique et son lexique parfois inapproprié pour notre société contemporaine. Il faut savoir changer et ne jamais cesser de douter sur ce que l'on sait.
Une doctrine discrimante ?
Il n'est pas rare d'entendre encore aujourd'hui que la psychanalyse serait une doctrine, voire une discipline sectaire au dessus de laquelle le.a psychanalyste régnerait en gourou... Une fois encore, ces arguments laissent transparaître une interprétation erronée de cette pratique et ses concepts. Il est évidemment possible de rencontrer un.e mauvais.e analyste, tout comme il est tout à fait probable de croiser un jour la route d'un mauvais médecin. C'est donc aux analysant.e.s que revient le droit de juger de la qualité de leur séance, et d'en changer si nécessaire.
D'ailleurs, la critique selon laquelle la psychanalyse serait discriminante et réservée à une population aisée corrobore l'argument précédent : si le prix de la séance est excessif et que le psychanalyste refuse d'en discuter le prix, allez voir ailleurs ! La psychanalyse réservée aux riches ou aux citadin.e.s, c'est une idée diffusée par la culture cinématographique et littéraire et par le discours médiatique. Dans la réalité, la plupart des psychanalystes d'orientation freudienne font de la question du paiement de la séance un point crucial à discuter avec le.a patient.e (pour en savoir un peu quant au prix des séances, c'est ici).
Pour aller plus loin sur les préjugés faits à l'encontre de la psychanalyse, rendez-vous ici.